L’expérience-limite érotique : la possibilité bataillienne de l’extase, entre topos littéraire et concept philosophique

           



« Toute impression profonde est voluptueuse ou funèbre, ou les deux à la fois. »  

-E. Cioran, De l’inconvénient d’être né.

 

Georges Bataille, philosophe français du XXe siècle est un intellectuel qui s’est intéressé à diverses approches du savoir et plus particulièrement aux Humanités. De l’histoire de l’art, à l’anthropologie structurale, en passant par la littérature et le mysticisme, sa culture éclectique ainsi que ses rapports plus ou moins conflictuels avec ses contemporains - sa querelle avec le surréaliste Breton a notamment contribué à sa notoriété - en font une figure originale dans le paysage intellectuel français de son époque.

Comment Bataille a-t-il pensé l’érotisme de sorte à l’ériger, sinon en un véritable concept, du moins en objet philosophiquement valable par les multiples problèmes qu’il pose sur divers plans de l’existence humaine ? En nous concentrant essentiellement sur une analyse de deux textes de l’auteur qui se rapportent aux sujets que sont L’expérience intérieure (1943) et L’Érotisme (1957), il s’agira de dévoiler ce que la pensée bataillenne de l’érotisme a de fécond quant aux expériences-limites de l’empirisme métaphysique. Par ailleurs, le choix de ces livres se fait par leur éclairage mutuel pour comprendre la démarche de leur auteur et la progression de sa pensée : le premier, autobiographique et ésotérique, esquisse sa pensée à venir de l’érotisme et l’insère dans un apparent « projet » philosophique plus ample, lorsque le second se spécialise sur ce thème et propose une lecture plus systématique, disons universitaire, de ce que serait ce phénomène existentiel.

À la lecture, il est frappant de constater que la pensée de l’érotisme chez Bataille est extrêmement large, diffuse, et que sa méthode de travail est protéiforme. De ce fait, la thèse qu’il en donne se situe à mi-chemin entre une apologie de l’expérience-limite personnelle et une systématisation conceptuelle pour parvenir à fonder un universel anthropologique valable. Le choix a donc été fait d’interroger la valeur philosophique des théories de Bataille sur l’érotisme quant à trois axes de lecture majeurs qui s’interpénètrent : il s’agira d’examiner d’abord la thèse d’un lien fondamental - et originalement absolutisé ici - entre l’érotisme et la mort; ce qui conduira à considérer ensuite les similitudes entre l’expérience érotique et l’expérience mystique, entre autres, à partir de l’expérience extatique que Bataille décrit; avant d’enfin interroger le caractère proprement philosophique de ses assertions sur l’érotisme et plus largement sur sa place au sein de l’œuvre du penseur et ce qu’elle en révèle. 



L’érotisme et la mort


Une poussière dans l’œil : paradoxe initiatique du phénomène érotique

    La pensée de l’érotisme chez Bataille tient à une thèse que l’on qualifiera de classique à l’aune de l’histoire de la philosophie et de la littérature occidentale : celle du lien entre l’amour et la mort. En reprenant le topos littéraire d’Eros et Thanatos, l’auteur propose une absolutisation de ce qui serait, in fine, le fondement de l’érotisme, et plus radicalement, même, de la vie.

En effet, Bataille propose un paradoxe fondateur de l’érotisme (à comprendre a priori comme simple amour physique). Celui selon lequel la vie impliquerait nécessairement son contraire. On lit ainsi dans L’expérience intérieure qu’« en vain l’amour veut lutter contre ce qui va cesser d’être »[1] ou encore et plus profondément, Bataille définit l’érotisme comme « approbation de la vie jusque dans la mort ».[2] L’idée de l’érotisme qu’il propose est que ce qui y est recherché est la perte de l’individu dans la continuité retrouvée de l’union charnelle. Sur le plan strictement naturel, biologique, l’argument formulé est le suivant : « Le spermatozoïde et l’ovule sont à l’état élémentaire des êtres discontinus, mais ils s’unissent, en conséquence une continuité s’établit entre eux pour former un nouvel être, à partir de la mort, de la disparition des êtres séparés. »[3]

Plus fortement c’est même la perte (plus ou moins consciente) du sujet conscient[4] qui se joue dans cette expérience de la continuité de l’être. Comme il l’est explicitement mentionné à plusieurs reprises : « la passion qui commande tant de jeux ou de rêves affreux n’est pas moins le désir éperdu d’être moi que celui de n’être plus rien »[5], « le moi ne peut sortir de lui-même que dans l’amour »[6], ou encore plus radical : « Que signifie l’érotisme des corps sinon une violation de l’être des partenaires ? Une violation qui confine à la mort ? Qui confine au meurtre ? ».[7] Cette conception de l’érotisme comme contraire de ce qu’on aurait pu penser être sa finalité (à savoir, la reproduction de la vie détournée de son but par la culture) rejoint une certaine philosophie du sujet comprise en des termes sociologiques, dont on trouve des indices dans L’expérience intérieure, où l’on peut lire : « je me détruis dans l’infinie possibilité de mes semblables : elle anéantit le sens de ce moi ».[8] Ce qui pourrait éventuellement se rapprocher de la célébrissime formule sartrienne de Huis clos selon laquelle « l’enfer, c’est les autres » en ce que je dépends des autres pour me connaître. C’est l’idée, présente dès l’introduction de L’Érotisme, d’après quoi, chaque être est irrévocablement indépendant de tous les autres, individualisme extrême qui constitue un abîme fascinant pouvant représenter la mort.

Il est primordial de souligner que l’érotisme est et reste pour notre auteur une expérience de la sexualité proprement humaine, en ce qu’elle ne vise pas la reproduction : « Dans l’érotisme, le sentiment de pléthore que nous avons n’est pas lié à la conscience d’engendrer. Même, en principe, plus la jouissance érotique est pleine, moins nous sommes soucieux des enfants qui peuvent en être l’effet. »

Mais il faut alors expliquer le rapport complexe à l’animalité qui y préside, puisque « mais encore [que l’érotisme] commence où finit l’animal, l’animalité n’en est pas moins le fondement.»[9] C’est à dire que Bataille conçoit l’érotisme d’après un mouvement dialectique : la sexualité animale basique répond aux besoins de reproduction d’une espèce, que la culture vient secondairement limiter par l’imposition d’interdits plus ou moins catégoriques. L’érotisme que présente l’auteur se situerait enfin dans un troisième temps, non comme un retour à l’état animal, mais dans un dépassement qui le comprend, sur un mode hégélien, comme aufhebung de la sexualité, l’érotisme serait en fait le troisième terme dialectique renvoyant alors à la bestialité (comme animalité proprement humaine, culturelle, consciente de transgresser des interdits). Bataille en fait un propre de l’homme dans cette transgression essentielle à l’acte naturel par excellence. C’est ce qu’avance d’ailleurs Tarditi dans son article « Au seuil de la transcendance : Religion, sacré et sacrifice dans la pensée de Georges Bataille »[10] lorsqu’il affirme que « l'érotisme est premièrement dépense, il ne sert pas à rien, et pourtant il est commun à tous les hommes, il est la « part maudite par excellence ». Cependant, même dans son inutilité, il fonde, dans la transgression de l'animalité pure, l'humanité authentique.

In fine, le sens de la reproduction est la clef de l’érotisme même si la jouissance est indépendante de la fin reproductrice. La mort symbolique est donc intrinsèquement liée à la réalisation de l’acte sexuel authentiquement érotique. 


Le désir naît dans l’horreur et la violence liées à la possible perte de soi 

On peut trouver dans la thèse du fondement de l’érotisme une certaine radicalisation de cette première définition, selon laquelle le plaisir de l’érotisme serait lié à la conscience établie d’un risque de perte de soi, intégrale ou partielle, symbolique, voire réelle. C’est du moins ce que semble indiquer la théorie du recul (inconscient) de la femme appréhendant l’acte érotique. Sur ce point, Bataille participe d’une essentialisation des comportements érotiques, par une sorte de biologisation des faits sociaux (puisque l’érotisme, comme nous l’avons vu, est typiquement humain). On lit en effet à la page 96 de L'Érotisme qu’il voit dans la femme un paradigme de la victime érotique, au sens où la pénétration lui fait perdre la discontinuité qui la séparait de l’autre : « Le femme dans les mains de celui qui l’assaille est dépossédée de son être ». Le sous-entendu réciproque est qu’il n’en est pas de même pour l’homme. Plus loin, on peut lire : « c’est par la honte, jouée ou non, qu’une femme s’accorde à l’interdit qui fonde en elle l’humanité ».[11] L’auteur de l’article « Nudité, silence, nuit : Les noms perdus de la langue (Bataille, Beckett, Lacan) » pense également que « silence et nudité sont des qualités ‘femme’, qualités mais tourment pour les dits hommes : pour Bataille […] nul doute que l’essentiel a convergé sur ce point : désir pour Bataille […]. »[12] Cette lecture des faits anthropologiques est donc toujours conçue selon un prisme naturaliste sublimé par la culture et relatif à un état primitif, de l’animalité humaine.

Cependant, le désir érotique ne résiderait pas tant dans une mort violente réelle résultant de son assouvissement, que dans l’imagination de sa possibilité. Ainsi, dans l’enjeu érotique, de la dissolution des formes constituées, la continuité de la vie y est mise en question, mais n’est pas nécessairement vouée à disparaître. Ainsi :« la fièvre sensuelle n’est pas le désir de mourir. De même l’amour n’est pas le désir de perdre, mais celui de vivre dans la peur de sa propre perte possible ».[13] La définition de la « délectation » érotique vaut tant qu’elle est imagination, elle puise sa source dans l’impossibilité a priori qui la constitue : la violence extrême de la dépense inutile. Délectation liminaire à l’action, constituée d’angoisse, peut alors peut-être se rapprocher du « tumulte d’angoisse » que définit Roland Barthes dans ses Fragments d’un discours amoureux. Et ce, en tant que ce sentiment, lui aussi, procède d’une dissolution de l’être dans l’attente de l’être aimé qui a peut-être oublié son amant, oubli qui signifierait tout à fait la négation profonde de son être. A la différence que l’expérience de la délectation érotique peut se faire véritable violence comme il est écrit : « la délectation est, en un sens, élan paralysé du vol nuptial, maintenu, mais cette fois dans l’obscurité d’un aveuglement comparable à celui de l’animal, encore qu’il devienne douloureux. C’est en fait le moyen de concilier le désir du salut de l’âme avec celui d’être abîmé dans le délice mortel d’une étreinte. » [14]

Le plaisir érotique réside donc bien dans la mort symbolique que son fondement, non plus animal, fait miroiter aux amants. L’érotisme est ainsi chez Bataille intimement lié à l’imaginaire de la violence, anticipant son actualisation effective. 


L’érotisme comme expérience-limite : réalisation de la violence et morale sadienne

Si, comme c’est le cas dans L’Expérience Intérieure, le désirable est l’inconnu, du fait que la connaissance tue le désir[15], la jouissance érotique comme assouvissement de ce désir se trouve dans l’obscénité, en ce qu’elle dérobe activement la connaissance de soi à l’individu dans la violence de l’action, au point de rendre le sujet étranger à lui-même dans cette expérience. L’obscénité chez Bataille renvoie en effet à une idée de désordre vis-à-vis du rapport ordinaire à l’ipséité personnelle. Il la définit comme un « trouble qui dérange un état des corps conforme à la possession de soi, à la possession de l’individualité durable et affirmée ». Mais c’est précisément cette dépossession qui entraîne la pudeur, niée dans l’érotisme.  De sorte à ce que, retombant sur la définition initiale, « La mise à nu est […] une équivalence sans gravité à la mise à mort ».[16] En ce sens donc, on peut estimer que Sade exemplifie bien la conceptualisation de l’érotisme chez Bataille, puisque comme ce dernier le justifie lui-même :« la pensée de Sade […] est l’excessif sommet de ce que nous sommes. […] c’est devant nous-mêmes que nous tremblons. »[17]

Sade comme parachèvement de l’érotisme bataillien. Le marquis absolutise dans ses écrits la morale que suppose l’érotisme, à savoir une création libre, une dépense qui détruit ce qui est déjà ; ce qu’incarne le libertin sadique. Ainsi, Bataille fonde sa conception de l’érotisme dans ce qui s’apparente à un système philosophique de l’extrême : « on n’atteint des états d’extase ou de ravissement qu’en dramatisant l’existence en général »[18] car « l’extrême est accessible par excès, non par défaut ».[19] Ce qui implique une violence élémentaire de l’érotisme, qui peut aller jusqu’à l’extrême violation de l’être de l’autre, mis en péril dans cette expérience. Aboutissant alors au fait que « Sade définit le meurtre comme le sommet de l’excitation érotique »[20] et que, sortant du strict cadre symbolique, « le mouvement de l’amour, porté à l’extrême est la mort ».

Pour Bataille, la violence réelle émanant de l’érotisme sadien (et sadique) constitue la vérité de celui-là: « C’est à la condition de briser une communion qui le limite que l’érotisme révèle enfin la violence qui en est la vérité, et dont l’accomplissement répond seul à l’image souveraine de l’homme ».[21]

Sade fait « figure d’exemple voire de paradigme » pour illustrer la transgression, qui fait alors que l’érotisme échappe à la sexualité bourgeoise utilitariste qui vise, dans le champ de l’expérience ordinaire, le plaisir. On voit bien que l’érotisme est, sinon porté à l’extrême en pratique, du moins symboliquement fondé par le rapport de la sexualité humaine à la mort et surtout par une certaine conscience de ce lien.  

Ce lien constitue le cœur de la thèse défendue par Bataille pour définir l’érotisme relativement à l’expérience individuelle. Il reste à approcher cette théorie avec recul : à une échelle plus petite, c’est-à-dire en considérant de plus loin les diverses approches par lesquelles il traite de cette notion relativement aux interdits qui la fondent et à l’excès auquel elle aboutit normativement.


Érotisme et religion

L’érotisme structure les sociétés et vice-versa

Outre son exemplification par la littérature sadienne, Bataille aborde l’érotisme à travers une lecture anthropologique de celui-ci, en reprenant le dualisme de l’anthropologie structurale entre les termes « sacré » et « profane » dont il hérite de Lévi-Strauss et Durkheim. Ainsi, des interdits liés à la sexualité structureraient les sociétés humaines, et seule les modalités de leur application varieraient selon celles-là. Mais l’originalité de Bataille est de reprendre cette interprétation, essentiellement empruntée aux Structures élémentaires de la parenté, pour proposer une lecture du sacré comme interdit transgressable. Ainsi écrit-il que « le monde profane est celui des interdits. Le monde sacré s’ouvre à des transgressions limitées […] est sacré ce qui est l’objet d’un interdit ».[22] Pour conceptualiser l’érotisme, il fait donc des pratiques cultuelles sacrées le lieu d’un tabou, d’un reniement de ce caractère sacré primordial : « L’origine de l’orgie, de la guerre et du sacrifice est la même : elle tient à l’existence d’interdits qui s’opposaient à la liberté de la violence meurtrière ou de la violence sexuelle ».[23]

C’est pourquoi la relativité à la conscience de la limite que représente l’interdit se présente comme fondement nécessaire de l’érotisme. Ce qu’exprime clairement le premier chapitre : « L’expérience intérieure de l’érotisme demande de celui qui la fait une sensibilité non moins grande à l’angoisse fondant l’interdit, qu’au désir menant à l’enfreindre. C’est la sensibilité religieuse, qui lie toujours étroitement le désir et l’effroi, le plaisir intense et l’angoisse ». En effet, « les deux interdits initiaux touchent, le premier, la mort, l’autre, la fonction sexuelle ». Le lien de l’érotisme à la sacralité profondément religieuse est non seulement ce qui structure les sociétés en promouvant les unions matrimoniales exogamiques, mais aussi ce qui fonde l’érotisme comme fait social. Il faut toutefois que l’érotisme reconnaisse les valeurs culturelles qui l’interdisent pour exister (selon la dialectique susmentionnée) : « La transgression n’est pas la négation de l’interdit, mais elle le dépasse et le complète ».[24] Donc « il n’y aurait pas d’érotisme s’il n’y avait en contrepartie le respect des valeurs interdites ».[25]

Ce qui nous mène alors à considérer la transgression comme la racine psychologique de l’érotisme chez Bataille, c’est ce que laisse entendre ces lignes tirées des Larmes d’Éros : « Mais si, dans le secret, nous le faisons, l’interdit transfigure, il éclaire ce qu’il interdit d’une lueur à la fois sinistre et divine. Il l’éclaire, en un mot, d’une lueur religieuse. »[26]


 Apologie de la transgression par l’appel du possible 

Ayant compris selon ces termes la conception de l’érotisme, une apologie de la transgression transparaît dans l’œuvre de Bataille, au-delà de sa conceptualisation, abstraitement théorique, de l’érotisme. Il est vrai que l’amant cherche activement sa dissolution dans la jouissance de la dépense pure - qui est tout autant physique que psychique. Les prémices (et prémisses, d’ailleurs) de cette transgressive conception de l’érotisme se trouvent dans L’expérience intérieure, où on peut lire : « L’homme ignorant de l’érotisme n’est pas moins étranger au bout du possible qu’il ne l’est sans expérience intérieure. Il faut choisir la voie ardue, mouvementée – celle de l’‘’homme entier’’, non mutilé ». [27]

Le passage du second état de la sexualité, humaine, à la troisième qu’est l’érotisme se trouve dans la transgression : « l’interdit ne peut supprimer les activités que nécessite la vie, mais il peut leur donner le sens de la transgression religieuse ».[28] Cette compréhension pousse Bataille à concevoir la chrétienté comme le moment négatif de l’érotisme (celui de l’interdit à dépasser) : « L’interdit, dans le monde chrétien, fut absolu. La transgression aurait révélé ce que le christianisme voila :que le sacré et l’interdit se confondent, que l’accès au sacré est le Mal ; en même temps le Mal est profane. »[29]

    Mais le passage de l’un à l’autre, s’il est dépassement n’est pas pure négation, ou plutôt elle l’est dans la mesure où elle considère l’interdit. Or, il semble que ce soit l’angoisse existentielle, qui préside toujours à l’expérience religieuse, comme à celle érotique, qui permette ce basculement. C’est la sensibilité religieuse qui permet l’extase érotique, qui l’emporte malgré tout par sa violence, comme appel du possible, auquel l’ascète se refuse (restant donc dans le deuxième moment de l’interdit). « L’érotisme est autour de nous si violent, il enivre les cœurs avec tant de force – pour achever, son abîme est en nous si profond- qu’il n’est pas de célèbre échappée qui ne lui  emprunte sa forme et sa fièvre. Qui d’entre nous ne rêve de forcer les portes du royaume mystique, qui ne s’imagine ‘’mourant de ne pas mourir’’, se consumant, se ruinant d’aimer ? [...] nous ne pouvons concevoir l’extrême défaillance autrement que dans l’amour. »[30] 


L’expérience extatique : limite commune à l’érotique et la mystique

Si donc « les élans de la religion chrétienne et ceux de la vie érotique apparaissent dans leur unité »[31], notamment en ce que Bataille voit dans le Christ la figure érotique par excellence (« Le Christ est la totalité de l’être, et pourtant il est, comme l’ « amant », personnel, comme l’amant, désirable : et soudain le supplice, l’agonie, la mort »[32]), c’est aussi car l’angoisse et l’extase en sont fondatrices et font de ces deux expériences des formes d’expériences-limites. L’angoisse existentielle, qu’elle naisse devant la vacuité d’un sens existentiel qui fonde la religion et ses interdits ou bien devant la négation anticipée de l’érotisme (comme mouvement vital impliquant la mort individuelle sur tous les plans), constitue le fondement principiel à la pensée de l’érotisme de Bataille : il s’agit d’une dramatisation de l’existence :  « L’esprit se meut dans un monde étrange où l’angoisse et l’extase se composent »[33] et « Si nous ne savions dramatiser, nous ne pourrions sortir de nous-mêmes […] mais une sorte de rupture – dans l’angoisse - nous laisse à la limite des larmes : alors nous nous perdons, nous oublions nous-mêmes et communiquons avec un au-delà insaisissable. » [34]

    L’érotisme constitue donc une expérience intérieure, c’est-à-dire une expérience vécue en première personne. Bataille la définit en ces termes: « J’entends par expérience intérieure ce que d’habitude on nomme expérience mystique : les états d’extase, de ravissement ».[35] Mais cette définition fait qu’il y a une certaine limite pour expliquer et donc comprendre cette expérience si on ne l’a pas vécu : « Je vis d’expérience sensible et non d’explication logique. J’ai du divin une expérience si folle qu’on rira de moi si j’en parle. »[36] De ce fait, Bataille empêche toute science de l’érotisme, ou toute approche médicale, psychologique ou psychanalytique de ces états empiriques : « Il y a des similitudes flagrantes, voire des équivalences et des échanges, entre les systèmes d’effusion érotique et mystique. Mais ces rapports ne peuvent apparaître assez clairement qu’à partir de la connaissance expérimentale des deux sortes d’émotion […] Si nous voulons déterminer le point où s’éclaire la relation de l’érotisme et de la spiritualité mystique, nous devons revenir à la vue intérieure, d’où seuls, ou peu s’en faut, partent les religieux. »[37]

Cette expérience passionnelle d’appel à la mort dans la plus vitale d’entre toutes, ne peut donc à un certain point que simplement se vivre pour pleinement se comprendre (au sens de « prendre avec soi », « faire sien »). D’où les témoignages subjectifs, autobiographiques qu’il rapporte tout au long de son ouvrage, ce qui, en fait, signe l’impossibilité même de son vraisemblable projet d’exposer un concept philosophique de l’érotisme sous toutes ses formes. Dès lors, il ne peut qu’avoir recours à des témoignage, aussi mystérieux que les expériences de crises mystiques pour le non-initié. Pourtant, là encore la cohérence subsiste, puisqu’il s’agit, toujours, de faire valoir le principe d’un mélange de vie et de mort dans la crise extatique. Bataille cite le témoignage tragique de Sainte Thérèse : « je meurs de ne pas mourir » de cet « état extrême de la vie » où « c’est la mort qu’en vivant j’éprouve, en continuant de vivre ».[38]

Il s’agit d’une pensée de la passion, puisque l’expérience intérieure de l’érotisme comme transgression extatique se subit, quoiqu’elle soit à rechercher activement pour atteindre « le bout du possible ». On touche ici à la difficulté ultime de la pensée de Bataille : proposer une philosophie du contre-projet… qui reste un projet, qui se nie. L’érotisme est expérience-limite car elle est une activité sexuelle qui nie l’utilité de la reproduction et même celle du plaisir bourgeois. Parallèlement, l’extase mystique, à laquelle elle s’apparente, doit se subir, puisque toute expérience-intérieure-limite-réelle fuit le projet. En effet, le Salut dans la religion comme le plaisir dans l’érotisme ne doivent constituer le motif de l’expérience. Et ceci, non seulement car « c’est le[s] plus odieux des faux-fuyants »[39], mais encore parce que l’expérience extatique ne saurait être une action au sens où finalement, l’agent aurait des raisons de la faire. (« L’expérience intérieure est le contraire de l’action […] l’action est toute entière dans la dépendance du projet. […] Le principe de l’expérience intérieure : sortir par un projet du domaine du projet »).[40] On peut alors y voir une méta-violence fondamentale : l’extase érotique ou mystique est nécessairement subie. Le sujet y est agi plus qu’il n’enclenche l’action, même s’il peut favoriser les conditions d’apparition de cette expérience-limite (par l’ascèse religieuse ou, au contraire, par le libertinage).

Enfin, il doit être souligné que, mystérieusement, l’extase érotique dépasse celle mystique : « Dieu n’est rien s’il n’est le dépassement de Dieu dans tous les sens ».[41] Or, comme on l’a vu, le moment religieux chez Bataille est celui de l’interdit, qui donne ultérieurement du sens à la transgression qui le dépasse. Le religieux chaste est en un sens encore trop dans l’économie (la bienséance, le projet du Salut de son âme, le respect de son intégrité physique et morale, etc.). L’expérience extatique trouvée dans la violence extrême de l’érotisme est donc une expérience de l’être. Il semble donc que sa conception de l’érotisme défende une expérience de l’être par le sujet qui expérimente radicalement sa finitude. C’est en ce sens que l’on comprend les mots de Trécherel, dans son article « Georges Bataille, la pensée d'un style » : « ‘’Être au sens fort’’, selon Bataille, n’est pas ‘’contempler’’, ni ‘’agir’’, mais ‘’se déchaîner’’ ».[42] Seul l’homme érotique est au sens fort.

Finalement, la conception de l’érotisme chez Bataille est unifiée dans son « système » de pensée général de l’expérience-limite. Mais peut-on véritablement parler d’une conception philosophique de cet objet ou bien l’auteur ne produit-il pas, au travers de ces deux livres, un ensemble éclectique d’approches de l’érotisme pour tenter une définition personnelle de l’érotisme, faite de patchwork idéel ? 


Concevoir l’extrême limite de la vie, une philosophie de l’impossible ? 

Une interrogation réellement philosophique

Bien que le statut de philosophe de Bataille puisse être discuté, et ce, avant tout par lui-même, il est évident que les éléments philosophiques traditionnels structurent son œuvre autour de l’érotisme et de l’expérience intérieure. Il reprend en effet les dualismes classiques de la philosophie occidentale même s’il renverse plutôt les hiérarchies traditionnelles (âme/corps, bien/mal, passion/raison, homme/animal, etc.), pour défendre, comme les autres penseurs de l’empirisme métaphysique (Bergson, Wahl, Deleuze, Blanchot, Foucault et Deleuze) un dualisme entre deux régimes d’expériences, que sont celui ordinaire et celui de l’expérience-limite.

D’autre part, il fait appel à une culture philosophique classique (convoquant Nietzsche ou Hegel, même s’il s’agit de les critiquer). La méthode hégélienne l’a d’ailleurs beaucoup inspiré sur l’érotisme. Et comme on peut le lire dans l’article de Tarditi, déjà cité : « Ancré dans une dialectique hégélienne poussée aux extrêmes, jusqu’à son point de dissolution et d'évanescence, Bataille n'a pas réussi — même dans l'Histoire de l'érotisme — à penser l'impensable, mais seulement à l'indiquer. En d’autres termes, le mouvement hégélien a été ouvert, pour ne pas dire défoncé, jusqu’aux limites du non-savoir. Mais de cet espace, de cet au-delà de la raison, Bataille n'a pas trouvé de mot possible. »[43]

Aussi, Bataille a-t-il fortement influencé Blanchot et Foucault (qui en témoigne dans la Préface à la transgression de 1963). Et on rappellera que sa pensée de l’érotisme s’inscrit bien dans un projet philosophique plus large de l’expérience-limite, qui veut démontrer que la morale serait du côté de la dissolution du sujet, comme mouvement inhérent à la vie. Cependant, la spécificité de sa pensée peut faire douter de sa valeur proprement philosophique.

Originalité d’une pensée ésotérique


On pourrait reprocher à Bataille son manque de rigueur méthodique : tour à tour historien, anthropologue, philosophe, critique littéraire, le défaut de méthode stricte aboutit à un certain traitement éclectique de la notion d’érotisme. On pourra alors arguer que c’est aussi ce qui fait l’intérêt de sa démarche originale, qu’il revendique contre la philosophie reconnue, puisqu’il pense que cette dernière est « inconciliable avec une possibilité bohême »[44], de laquelle se revendiquerait donc sa proposition. 

Son refus du projet rentre en conflit avec son entreprise démonstrative cherchant à convaincre que l’absence de projet est le meilleur projet à suivre… non seulement parce qu’il se contredit, étant donné que son œuvre, porteuse d’un discours implique, comme le voulait le principe aristotélicien de non-contradiction (Métaphysique, G, 3), du sens, et dispose donc d’une cause finale (à savoir : de dévoiler le bien-fondé de son propos) ; mais encore parce que ce qu’il prône, à savoir l’expérience extatique intérieure, quand bien même la considérerait-on comme la plus désirable, ne saurait être atteinte, étant déterminée à être subie, bien qu’elle soit à rechercher. La contradiction est inhérente à sa conception de l’érotisme, et plus largement de toute expérience-limite. 

Nous pouvons toutefois souligner la valeur de sa critique foncièrement philosophique : il constitue dans L’expérience intérieure et L’Érotisme un appel à la négation (du sujet et du projet), un appel au silence, et dans la continuité du projet hégélien de la Phénoménologie de l’esprit, qui voulait que le sujet s’effaçât, au profit de l’être qui se dit tout seul. En effet, dans L’expérience intérieure, Bataille défend l’idée selon laquelle « La différence entre expérience intérieure et philosophie réside principalement en ce que, dans l’expérience, l’énoncé n’est rien, sinon un moyen et même, autant qu’un moyen, un obstacle ; ce qui compte n’est plus l’énoncé du vent, c’est le vent. »[45] Mais le silence est aussi exigé par l’érotisme en soi: « la convulsion de la chair, au-delà du consentement, demande le silence, elle demande absence de l’esprit ».[46] La contradiction qui habite son œuvre est consciente : « Le projet est celui négatif de vouloir abolir le pouvoir des mots, donc du projet ».[47] En ce sens il est anti-hégélien, car contre la systématicité positive.

    L’hypothèse d’une influence kierkegaardienne n’est pas à écarter non plus, puisque le philosophe danois avait écrit dans ses Miettes philosophiques (1844), comme s’il avait anticipé l’œuvre de Bataille, qu’« il ne faut pas dire du mal du paradoxe, passion de la pensée : le penseur sans paradoxe est comme l'amant sans passion, une belle médiocrité. »

    Mais plus qu’une pensée du paradoxe, il est une pensée de la transgression recherchée. Pour lui, « c’est l’action productrice des choses qui nie ce qui est (le donné naturel)»[48] d’où son apologie de la négation, c’est qu’il cherche en dernière instance la vérité de l’être. Donc, c’est sinon d’une cohérence sans faille, du moins d’une consistance admirable cette conscience de la transgression enthousiaste qui anime son œuvre, notamment lorsqu’il dit que « donner à la philosophie la transgression pour fondement (c’est la démarche de ma pensée) c’est substituer au langage une contemplation silencieuse ».[49]

    Sa philosophie empirique de l’érotisme n’est donc finalement peut-être pas tant celle d’un appel au possible (comme le sont la mort, et l’extase) que celle de l’impossible, d’une négation active. C’est, il nous semble, là que se situe l’originalité et le génie de la pensée de Bataille, comme le relève Tarditi : « Le sujet qui traverse l'œuvre de Bataille tout entière est celui du négatif et de l'impossible, toujours dans la forme d'un au-delà de la raison, d'une expérience indicible mais qui, en même temps, renvoie à une communication entre ce qui est rationnel et son au-delà. »[50]


Philosophie empirique de la passion extatique : ontologie négative de l’homme ? 

La philosophie de Bataille, puisqu’il semble finalement qu’on puisse la considérer telle quelle, serait une philosophie de l’extrême du possible glorifié, sinon de l’impossible. En effet, il écrit dans L’expérience intérieure qu’elle est un « voyage jusqu’au bout du possible ».[51] Ce qui n’est pas sans évoquer le célèbre Voyage au bout de la nuit (1932) de Céline, roman dont le protagoniste principal, Bardamu évolue dans une constante relation avec la mort et la conscience de cette dernière que ses expériences de la guerre, du voyage, de la colonisation, de l’érotisme et de la misère lui font entrevoir. Ce voyage au bout du possible se parachève-t-il, se réalise-t-il ultimement dans ce « bout » ? Malgré cette interrogation en suspens, on peut du moins affirmer que la philosophie de Bataille est celle d’un sujet qui cherche constamment à se dépasser, à se nier, paradoxalement peut-être pour mieux se sentir vivant dans la confrontation avec la mort… même si un tel but le ferait rester dans le projet.

    Finalement, sa conceptualisation empirique de la passion et dont il fait l’apologie relève d’une nature profondément philosophique. Qu’est-ce que l’expérience intérieure si ce n’est l’étonnement philosophique porté à son apogée ? Bataille ferait alors une philosophie de terrain, où le sujet en crise saisit le mieux l’être qu’il est : fragile, fugace, angoissé ; puisque « l’expérience est la muse en question (à l’épreuve), dans la fièvre et l’angoisse, de ce qu’un homme sait du fait d’être ».[52] Ultime inadéquation qui confirme tout ce que l’on a pu dire jusqu’alors sur la valeur philosophique de cette œuvre : il écrit que « la suprême interrogation philosophique coïncide […] avec le sommet de l’érotisme »[53] mais « le moment suprême excède nécessairement l’interrogation philosophique ».[54] Le vrai, qui constitue l’extrême glorifié, n’est donc jamais atteignable chez Bataille. Pour le dire autrement, « Seule la mort se révèle comme le meilleur dé-règlement possible, comme authentique dé-création capable d'accéder à l'être vrai des choses ».[55] Donc le sujet n’y accédera jamais, et lorsqu’il l’aura fait, il ne sera plus. Autrement mieux dit par Nguyên, dans L’en-jeu lacanien : « L’impossible délivre une interprétation de l’ensemble, un point final annoncé et mis sur une quête qui aurait exploré tous les recoins de l’expérience intérieure, tous les recoins de l’excès, toutes les avenues du sexe et de l’ivresse pour venir se cristalliser sur un énoncé type : l’impossible c’est le rien ou l’impossible c’est la nuit. Il n’y a pas l’œuvre mais l’expérience Bataille, intérieure. […] Bataille s’obstine, quitte à se mettre au supplice, au sacrifice mais en définitive il ne tient pas tant à ses pratiques d’excès qu’à ce que l’excès n’excède pas : la limite de la vie. Il se trouve excédé par ce qui ne se franchit pas [... ] Et qu’en névrosé, il sait.»[56] La philosophie de Bataille, de l’érotisme et en général, est celle d’une expérience-limite, extatique de l’impossible, puisque selon lui enfin:  « l’impossible est le fond de l’être».[57]

    Conclusion

L’érotisme chez Bataille se définit bien relativement à la mort, symbolique ou réellement imminente pour le sujet qui l’expérimente. Constituant une expérience-limite par la transgression consciente des interdits (structurant la société par le prisme religieux) qu’il accomplit, l’érotisme peut mener à l’extase, qui représente la véritable expérience intérieure prônée dans l’œuvre de l’auteur. Toutefois, sa philosophie est celle d’un empirisme qui refuse le projet, pour atteindre son but : l’expérience-limite diffère du régime ordinaire d’action. En ce sens, l’extase est subie. Ce qui fait l’originalité et la faiblesse de la pensée de Bataille, qui ultimement se révèle comme une philosophie de l’impossibilité, philosophie critique du sujet en ce que celui-ci n’atteindra jamais, sinon par sa destruction, l’idéal socratique inscrit sur le frontispice du temple de Delphes du « connais-toi toi-même ». Le génie de Bataille et son talon d’Achille est alors de faire de la mort à la fois l’achèvement de sa philosophie empirique et ce qui la rend irréalisable, infinie. Sa pensée de l’érotisme est donc bien une philosophie extatique du possible, mais sa philosophie de l’expérience-limite-intérieure, aboutie et privilégiée est une philosophie de l’impossible. Ce qui fait de l’angoisse existentielle le fondement de la philosophie vécue par le sujet.

Nous dirons pour conclure que « dans la recherche de la plus complète liberté possible, [Bataille] dessine les modalités a priori désordonnées du domaine des arts, des religions, et de la littérature »[58]; mais c’est bien une philosophie valable qu’il nous propose à travers l’étude originale d’objets inédits pour la réflexion philosophique, comme ici de l’extase mystique, et plus fortement encore de l’érotisme.


***


Notes

[1] G. Bataille, L’expérience intérieure, Paris, Gallimard, 1943/1954, p.146

[2] Id., L’Érotisme, Paris, Les Éditions de Minuit, 1957/2011, p.13.  

[3] Op. Cit., p.16

[4] Op. Cit., p.204

[5] Op. Cit., p.86

[6] Op. Cit., p.138

[7] Op. Cit., p.19

[8] L’expérience intérieure, p.86

[9] L’Érotisme, p.102

[10] C. Tarditi, « Au seuil de la transcendance : Religion, sacré et sacrifice dans la pensée de Georges Bataille », Le Philosophoire, 2004/1 (n° 22), p.97-111

[11] L’Érotisme, p.142

[12] A. Nguyên, « Nudité, silence, nuit : Les noms perdus de la langue (Bataille, Beckett, Lacan) » in L’en-je lacanien, 2006/2 (n°7), p.8

[13] Op. Cit., p.248

[14] Op. Cit., p.245

[15] Op. Cit., p.161

[16] Op. Cit., p.19 

[17] Op. Cit., p.202

[18] Op. Cit., p.22

[19] Ibid., p.34

[20] Op. Cit., p.21

[21] Ibid., p.179

[22] Op. Cit., p.71

[23] Op. Cit., p.124

[24] Op. Cit., p.67

[25] Op. Cit., p.227

[26] V. Estellon, « Éloge de la transgression, Transgressions, folies du vivre ? De la marche vers l'envol » in Champ psychosomatique 2005/2 (n°38) pp.149-166

[27] Op. Cit., p.36

[28] Op. Cit., p.78

[29] Op. Cit., p.134

[30] Ibid., p.140

[31] Op. Cit., p.11

[32] Op. Cit, p.65

[33] Ibid., p.10

[34] Op. Cit., p.23

[35] Ibid., p.15

[36] Ibid., p.45

[37] Op. Cit., p.233-235

[38] Ibid., p.247

[39] Op. Cit., p.24

[40] Ibid., p.59-60

[41] Op. Cit., p.275

[42] S. Trécherel, « Georges Bataille, la pensée d'un style » in Lignes, « Nouvelles lectures de Georges Bataille », 2005 (n°17), pp.209-218

[43] C. Tarditi, « Au seuil de la transcendance : Religion, sacré et sacrifice dans la pensée de Georges Bataille » in Le Philosophoire, 2004/1 (n°22), pp.97-111.

[44] L’Érotisme, p.265

[45] L’expérience intérieure, p.25

[46] Op. Cit., p.113

[47] Op. Cit., p.35

[48] Extrait de La Souveraineté, VIII, p.263 ; cité dans S. Trécherel, « Georges Bataille, la pensée d'un style » in Lignes, « Nouvelles lectures de Georges Bataille », 2005 (n°17), pp.209-218

[49] L’Érotisme, p.279

[50] C. Tarditi, « Au seuil de la transcendance : Religion, sacré et sacrifice dans la pensée de Georges Bataille » in Le Philosophoire, 2004/1 (n°22), pp.97-111.

[51] L’expérience intérieure, p.19

[52] Ibid., p.16

[53] L’Érotisme, p.277

[54] Ibid., p. 278

[55] Extrait de La part maudite, cité par C. Tarditi, « Au seuil de la transcendance : Religion, sacré et sacrifice dans la pensée de Georges Bataille » in Le Philosophoire, 2004/1 (n°22), pp.97-111.

[56] A. Nguyên, « Nudité, silence, nuit : Les noms perdus de la langue (Bataille, Beckett, Lacan) » in L’en-je lacanien, 2006/2 (n°7), p. 13

[57] L’expérience intérieure

[58] S. Trécherel, « Georges Bataille, la pensée d'un style » in Lignes, « Nouvelles lectures de Georges Bataille », 2005 (n°17), pp.209-218


***


Bibliographie non exhaustive

G. Bataille, L’Érotisme, Paris, Les Éditions de Minuit, 1957/2011

G. Bataille, L’expérience intérieure, Paris, Gallimard, 1943/1954

V. Estellon, « Éloge de la transgression, Transgressions, folies du vivre ? De la marche vers l'envol » in Champ psychosomatique 2005/2 (n°38) pp.149-166

 L. Franco, « Il faut vouloir vivre les grands problèmes, par le corps et par l’esprit » in Lignes, « Nouvelles lectures de Georges Bataille », 2005 (n°17), pp.193-205

S. Madelrieux, Cours de « Philosophie contemporaine française » (M1) sur « Les expériences-limites » [sujet HDR], Université Jean Moulin, Lyon 3, Septembre-Novembre 2018

A. Nguyên, « Nudité, silence, nuit : Les noms perdus de la langue (Bataille, Beckett, Lacan) » in L’en-je lacanien, 2006/2 (n°7), pp.43-71Tarditi C., « Au seuil de la transcendance : Religion, sacré et sacrifice dans la pensée de Georges Bataille » in Le Philosophoire, 2004/1 (n°22), pp.97-111

S. Trécherel, « Georges Bataille, la pensée d'un style » in Lignes, « Nouvelles lectures de Georges Bataille », 2005 (n°17), pp.209-218

D. Sardinha, « L'éthique et les limites de la transgression » in Lignes, « Nouvelles lectures de Georges Bataille », 2005 (n°17), pp.125-118

 

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